Maladie

Infections fongiques graves : les types à haut risque

Une statistique brutale suffit parfois à fissurer nos certitudes : en dix ans, le taux d’infections fongiques sévères a doublé dans certains hôpitaux européens, forçant le monde médical à revoir ses priorités. Certaines levures et moisissures, longtemps cantonnées à des infections bénignes, franchissent désormais la barrière des soins intensifs et bouleversent les protocoles hospitaliers. Les rapports des centres de contrôle des maladies signalent une augmentation marquée d’infections résistantes, affectant prioritairement les patients immunodéprimés.

La progression de Candida auris et d’autres agents fongiques agressifs s’accompagne d’enjeux thérapeutiques majeurs. Les spécialistes alertent sur la difficulté du diagnostic, le risque d’échecs thérapeutiques et la nécessité d’une surveillance accrue, alors que la résistance aux antifongiques se propage dans plusieurs régions du monde.

Comprendre les infections fongiques graves : enjeux et facteurs de risque

Les infections fongiques graves ne se contentent plus du second plan. Les médecins font désormais face à des adversaires capables de contourner les défenses classiques. Si la plupart des mycoses restent limitées à la peau ou aux ongles, certains champignons franchissent la barrière cutanée et s’attaquent directement aux poumons ou aux organes internes. Ce n’est pas un hasard si ces infections fongiques opportunistes frappent en priorité là où le système immunitaire est affaibli.

Les profils les plus touchés se retrouvent chez les personnes sous chimiothérapie, celles ayant reçu une greffe ou souffrant de maladies chroniques. Même un traitement par corticoïdes sur une courte période suffit parfois à fragiliser les défenses. Dès lors, des pathogènes fongiques jusque-là sans conséquence saisissent leur chance et s’infiltrent.

Facteurs de risque principaux

Plusieurs éléments augmentent la vulnérabilité face à ces infections :

  • Immunodépression (VIH, cancer, greffes d’organes)
  • Hospitalisation prolongée, en particulier en soins intensifs
  • Utilisation de dispositifs invasifs comme les cathéters ou prothèses
  • Prise d’antibiotiques ou de corticoïdes

La gravité du risque d’infections fongiques graves dépend de l’espèce en cause, du mode de contamination et de l’état général du patient. Les infections superficielles restent localisées à la peau ou aux ongles, tandis que d’autres espèces peuvent s’attaquer à tout le corps et évoluer vers des formes sévères. Il suffit parfois d’inhaler quelques spores pour déclencher une infection pulmonaire si la personne est déjà fragilisée. La situation exige de rester sur ses gardes : l’évolution des causes d’infections fongiques reflète notamment le bouleversement des pratiques médicales et la survie prolongée de patients à risque.

Quels types d’infections fongiques présentent le plus haut risque pour la santé ?

Dans l’univers de la mycologie médicale, certaines infections fongiques invasives concentrent toutes les inquiétudes. Parmi les agents pathogènes fongiques, le genre Candida figure en tête de liste. Si la candidose superficielle est une vieille connaissance, Candida auris, découvert en 2009, bouleverse la donne par sa résistance aux traitements antifongiques et sa capacité à provoquer des infections graves en milieu hospitalier. Les hôpitaux ont ainsi vu surgir un adversaire tenace et difficile à éradiquer.

Mais Candida n’est pas seul. Les aspergilloses invasives, déclenchées après l’inhalation de spores fongiques, ciblent surtout les poumons des patients immunodéprimés : leucémiques, greffés ou sous immunosuppresseurs. D’autres champignons filamenteux, comme les mucorales, provoquent des infections fulgurantes, particulièrement redoutées chez les personnes diabétiques mal contrôlées.

En France, les chiffres ne laissent aucun doute : les infections fongiques hospitalières progressent et sont désormais surveillées de près. L’apparition de souches résistantes, la difficulté à diagnostiquer rapidement et la gravité des symptômes complexifient la prise en charge. Le risque grimpe notamment avec la pose de dispositifs médicaux, la ventilation mécanique ou l’usage massif d’antibiotiques. Face à ces pathogènes fongiques émergents, la vigilance des soignants reste la meilleure arme.

Docteur examinant une radiographie pulmonaire dans une salle d

Symptômes, diagnostics et solutions face à la menace croissante du Candida auris et d’autres champignons émergents

Le nom Candida auris s’est imposé comme le symbole des infections fongiques graves contractées à l’hôpital. Les premiers signes se montrent discrets : fièvre persistante, frissons, ou absence de réponse aux antibiotiques. Rien de très spécifique, ce qui retarde souvent le diagnostic, surtout chez des patients déjà fragilisés. Les symptômes d’infections fongiques varient beaucoup : parfois une simple fatigue, parfois une défaillance de plusieurs organes dans les formes disséminées.

Pour établir le diagnostic, il faut identifier précisément le champignon en cause. Les outils de biologie moléculaire et les hémocultures permettent aujourd’hui de différencier Candida auris des autres espèces, ce qui oriente directement le traitement. Mais la résistance aux traitements antifongiques complique la tâche : les azolés, longtemps privilégiés, ne suffisent plus toujours. Les cliniciens se tournent alors vers les échinocandines ou, dans certains cas, vers l’amphotéricine B, utilisée pour sa puissance malgré ses effets secondaires notoires.

Pour limiter la propagation de ces champignons émergents, la surveillance s’intensifie dans les services à risque. Les soignants isolent rapidement les patients atteints, renforcent les mesures d’hygiène et réduisent autant que possible les gestes invasifs. La recherche avance vers des tests diagnostiques plus rapides et de nouveaux antifongiques. L’enjeu est immense : chaque jour de retard dans le diagnostic ou le traitement accroît le risque de complications lourdes, voire de décès, chez des personnes déjà fragilisées.

Face à ces menaces invisibles, la lutte ne se joue pas seulement dans les laboratoires : elle se poursuit, chaque nuit, dans les couloirs des hôpitaux, là où l’anticipation et la rigueur sauvent des vies.