Maladie

Les 4 facteurs individuels influençant les troubles musculosquelettiques (TMS)

Près de 87 % des maladies professionnelles reconnues en France relèvent des troubles musculosquelettiques. Les recommandations officielles insistent sur l’ergonomie des postes de travail mais passent souvent sous silence le poids des facteurs individuels.

L’âge, certaines pathologies chroniques, le niveau de condition physique et le stress modifient de façon significative la vulnérabilité face à ces affections. Identifier ces éléments permet d’adapter les mesures de prévention au plus juste, au-delà des approches standardisées.

Comprendre les troubles musculosquelettiques : de quoi s’agit-il et pourquoi sont-ils si répandus ?

Les troubles musculosquelettiques (TMS) forment un véritable fléau pour la santé au travail en France. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) les place en tête du classement des maladies professionnelles les plus fréquentes. Ces troubles s’attaquent aux muscles, tendons, nerfs et articulations, ciblant surtout le dos, le cou, les épaules et les membres supérieurs. Impossible de les ignorer : lombalgie, cervicalgie, syndrome du canal carpien reviennent sans cesse dans les diagnostics, et la liste s’allonge chaque année, tendinites, coiffe des rotateurs, épicondylite latérale, neuropathies… Le panorama des TMS ne cesse de s’élargir.

Pourquoi ces troubles sont-ils si présents ? La réponse tient à la conjonction de facteurs de risque très divers. Les facteurs physiques, gestes répétés, postures contraignantes, port de charges, forment la partie visible de l’iceberg. Mais ils ne suffisent pas à expliquer la vague d’atteintes. D’autres éléments viennent renforcer cette dynamique : organisation du travail rigide, absence de rotation des tâches, pression sur la cadence, climat social tendu. Et, en toile de fond, la surcharge psychologique et les contraintes psychosociales amplifient douleurs et fatigue.

La santé au travail ne se joue donc pas uniquement sur un siège réglable ou un écran bien positionné. L’environnement global, le poids de la charge mentale, la qualité des relations entre collègues, la reconnaissance ou le soutien perçu sont autant de leviers qui influencent l’apparition et l’évolution des TMS. L’INRS insiste : pour agir efficacement, il faut mener une analyse fine de tous les facteurs TMS, qu’ils soient physiques, organisationnels ou propres à la personne. C’est cette vision d’ensemble qui permet d’adapter la prévention à la réalité du terrain.

Quels sont les 4 facteurs individuels qui favorisent l’apparition des TMS ?

Les recherches convergent sur quatre facteurs individuels qui pèsent lourd dans la balance des troubles musculosquelettiques (TMS).

Premier élément : l’âge. Le temps laisse sa marque, que ce soit sur la souplesse des articulations ou la force musculaire. Plus les années passent, plus le risque grimpe, notamment pour la lombalgie ou les atteintes de la coiffe des rotateurs. Les tissus s’usent, la récupération ralentit : voilà pourquoi les travailleurs plus âgés paient souvent un tribut plus élevé.

Le deuxième facteur, trop souvent négligé, concerne les antécédents médicaux. Une ancienne blessure, un rhumatisme installé, une pathologie chronique : ces expériences laissent une empreinte et fragilisent durablement. Un passé de syndrome du canal carpien, de tendinite ou de neuropathie périphérique prédispose à de nouveaux épisodes ou à une aggravation rapide des symptômes.

La gestion du stress s’impose comme le troisième déterminant. Surcharge mentale, anxiété, tensions répétées : tous ces états exacerbent la perception de la douleur et augmentent le risque de TMS. Impossible d’ignorer le lien, confirmé par de nombreuses enquêtes, entre le stress au travail et la survenue de troubles musculosquelettiques, quels que soient le secteur ou le métier.

Enfin, la fatigue, qu’elle vienne d’une journée trop longue, de nuits écourtées ou d’un enchaînement de postes sans pause, affaiblit les capacités de récupération de l’organisme. La sédentarité, le manque de sommeil ou l’absence de coupures adaptées rendent le corps plus vulnérable, surtout quand ces facteurs s’ajoutent les uns aux autres. C’est l’accumulation qui crée la brèche.

Personne se massant le cou à son bureau à domicile

Des conseils concrets pour limiter les TMS au quotidien, même au travail

Limiter les troubles musculosquelettiques, c’est une affaire de rigueur et d’adaptation. Rien ne se fait au hasard. Premier point de vigilance : l’aménagement ergonomique du poste de travail. Chaque détail pèse : la hauteur du bureau, l’orientation de l’écran, le soutien lombaire du siège, la lumière, la température ambiante. Ces ajustements quotidiens modèrent les contraintes mécaniques que subit le corps.

La suite logique, c’est la rotation des tâches. En alternant les activités, même pour de courtes périodes, on réduit le risque d’épuiser certains groupes musculaires. Cette organisation du travail, si elle s’accompagne de pauses actives, lever régulièrement les yeux de l’ordinateur, mobiliser les articulations, marcher quelques minutes, permet de prévenir la fatigue et de limiter la progression des douleurs.

Au-delà de l’individuel, l’entreprise joue un rôle déterminant. Un climat social apaisé, la reconnaissance du travail accompli, des campagnes de sensibilisation aux risques psychosociaux : ces initiatives réduisent le stress au travail et, par ricochet, limitent l’apparition des TMS.

Voici quelques réflexes pratiques à intégrer rapidement dans votre quotidien professionnel :

  • Adaptez votre posture : gardez les épaules relâchées, les pieds à plat.
  • Variez les positions toutes les 30 à 40 minutes.
  • Sollicitez, si besoin, un kinésithérapeute pour un conseil individualisé.

La prévention s’appuie aussi sur les consultations individuelles, les formations à l’ergonomie, et sur une attention réelle à la fatigue, au sommeil, au rythme de chacun. Plutôt que d’attendre l’accumulation des signaux d’alerte, mieux vaut agir sur chaque paramètre, même de façon modeste. C’est le cumul des petits gestes qui façonne la santé au travail sur la durée.

En prenant la mesure de ces facteurs, chacun peut transformer son quotidien professionnel et dessiner, pas à pas, un environnement moins hostile aux TMS. La prévention ne se décrète pas, elle s’incarne : chaque geste compte pour changer la donne.