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La maladie la plus mortelle au monde et ses impacts sur la santé publique

144 000. C’est, selon les dernières estimations, le nombre de vies perdues chaque jour dans le monde à cause des maladies cardiovasculaires. Ce chiffre ne varie guère d’une année sur l’autre, bien que la médecine progresse et que les campagnes de prévention se succèdent. En France, ces pathologies pèsent plus d’un quart de la mortalité totale, un constat qui s’impose, année après année, malgré les efforts déployés.

À l’échelle mondiale, les populations les plus vulnérables, souvent celles à faibles revenus, sont frappées de plein fouet. Un accès restreint à des soins de qualité, une exposition aggravée aux facteurs de risque : l’équation est implacable. Les conséquences, humaines et économiques, dépassent de loin celles de la plupart des autres menaces sanitaires que nous affrontons aujourd’hui.

Pourquoi certaines maladies restent les plus mortelles au monde ?

En 2023, la tuberculose s’est encore hissée au sommet du triste palmarès des maladies les plus meurtrières, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Provoquée par le bacille de Koch, elle a emporté 1,25 million de personnes en un an. Les antibiotiques existent, la transmission par la voie aérienne est bien identifiée, et pourtant, la maladie ne recule pas. Pauvreté, malnutrition, diabète, tabagisme et immunodépression entretiennent sa propagation. Chez les personnes touchées par le VIH, le risque de tuberculose active grimpe en flèche : sans traitement, le SIDA fait encore des ravages et aggrave le pronostic.

Plusieurs raisons permettent de comprendre pourquoi ces maladies infectieuses demeurent en tête des causes de décès à l’échelle mondiale :

  • Des inégalités persistantes dans l’accès aux soins et aux traitements
  • Des diagnostics trop tardifs, accentués par la stigmatisation ou la faiblesse des systèmes de santé
  • La montée alarmante de la résistance aux antibiotiques
  • Des interactions avec d’autres pandémies, comme le COVID-19, responsable de 320 000 morts supplémentaires en 2023

La mortalité mondiale liée aux maladies infectieuses ne faiblit pas, car s’attaquer à ces fléaux demande bien plus que des traitements : il faut des politiques publiques coordonnées, des financements à long terme et des campagnes de dépistage à grande échelle. Le VIH en est l’exemple : malgré la révolution des trithérapies, plus de 36 millions de personnes en sont mortes depuis son apparition, et la charge reste lourde sur le plan social comme sanitaire. L’OMS multiplie les alertes et appelle à une mobilisation internationale, en particulier contre la tuberculose, qui continue de faire des victimes aussi bien dans les pays pauvres qu’à travers ses formes résistantes en Occident.

Les grandes causes de mortalité en France et à l’international : chiffres, enjeux et pathologies à surveiller

En France, les maladies infectieuses ne dominent plus le classement des causes de décès, mais elles n’ont pas disparu. Certaines régions, comme la Guyane ou Mayotte, restent particulièrement exposées. La tuberculose y fait toujours l’objet d’une déclaration obligatoire chez les moins de 18 ans. À l’échelle mondiale, la maladie sévit encore dans des pays comme l’Inde, l’Indonésie, la Chine, les Philippines ou le Pakistan. Le paludisme décime chaque année des centaines de milliers de vies en Afrique subsaharienne. Et lorsque les taux de vaccination chutent, la rougeole et la diphtérie font leur retour dans des régions entières.

La circulation de pathogènes anciens et nouveaux, du virus Influenza à la fièvre jaune ou la dengue, rappelle à quel point les systèmes de santé sont fragiles. L’an dernier, grippes et infections respiratoires ont touché de plein fouet les populations fragiles. Certaines zoonoses, comme la toxoplasmose ou la salmonellose, soulignent l’enchevêtrement entre santé humaine, animale et environnementale.

Les contrastes sont saisissants : alors que des régions du globe luttent encore contre la peste, le choléra ou l’hépatite B, la France doit rester vigilante face à la réapparition de maladies que l’on croyait maîtrisées grâce à la vaccination. L’organisation Santé publique France rappelle qu’une couverture vaccinale élevée demeure la meilleure protection collective, à l’heure où la mobilité internationale accélère la circulation des agents infectieux.

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Prévention, avancées médicales et leçons tirées des épidémies marquantes

La prévention constitue le socle de la riposte face aux maladies transmissibles. Le vaccin BCG protège les plus jeunes contre les formes graves de la tuberculose, même si chez l’adulte, l’effet reste limité. Ce constat pousse la recherche à innover : six nouveaux vaccins sont actuellement testés à grande échelle.

Le traitement de la tuberculose suppose une antibiothérapie longue, souvent difficile à suivre pour les patients. L’interruption des cures favorise l’émergence de formes résistantes, véritables casse-têtes pour les soignants. Les progrès des tests moléculaires et les protocoles de dépistage (prise de sang, radiographie, examen bactériologique) améliorent la détection, que la maladie soit latente ou déjà déclarée.

Au cœur de la recherche, le Centre d’Infection et d’Immunité de Lille (CIIL), rattaché à l’Institut Pasteur, pilote des travaux sur la tuberculose, la pneumonie, la peste ou les hépatites virales. Le programme INTHREPIDE vise à anticiper les risques épidémiques et à contrer la résistance aux antibiotiques, alors que la circulation des agents pathogènes ne connaît pas de frontières.

Gérer les grandes épidémies implique une capacité d’adaptation permanente : renforcer le dépistage, garantir un accès équitable aux traitements, diffuser l’information, organiser des campagnes de vaccination massives. L’ONU et l’ONUSIDA coordonnent la lutte contre le VIH/SIDA au niveau mondial, mais la diffusion des trithérapies reste insuffisante dans les régions les plus touchées. Le retour de maladies évitables rappelle, sans détour, qu’un niveau élevé de vaccination collective demeure le meilleur rempart contre les flambées à venir.

Dans le tumulte des statistiques et des rapports, une réalité s’impose : chaque victoire contre la tuberculose, le VIH ou la rougeole n’est jamais acquise. Tant que l’accès aux soins, la prévention et la recherche progresseront à vitesse inégale, la course contre les maladies mortelles restera un défi brûlant pour la santé publique mondiale.